Mardi en fin d'après-midi. Il ne faudrait pas mais je vais voir la mer. Tellement calme.
Un peu d'eau commence à tomber. Je rencontre un ami, nous sommes seuls sur cette plage. Il me montre les tarpons qui rôdent. L'un d'eux saute hors de l'eau.
Le niveau de la mer est haut. On m'a expliqué que c'est à cause de la pression atmosphérique qui est très basse pendant le cyclone. Alors la pression sur la mer est moins forte, et le niveau monte.
Les pélicans pêchent très près du bord. Il y a sans doute un tas de pisquettes.
Les petits crustacés, qui traînent sur les sargasses échouées, sautent dans l'eau de mon aquarelle.
Il est temps de partir. D'ailleurs les yen-yens me dévorent. Et des policiers viennent me dire gentiment que je dois rentrer chez moi. "On est en alerte rouge madame".
La nuit aura été peuplée de rêves étranges. Et d'insomnie car toujours pas un souffle de vent alors que nous sommes dans le cyclone. Je sens mon matelas faire un petit bond et puis plus rien. La terre a tremblé.
Au matin, je me plais au jeu des reflets, près de la rivière.
Et sans attendre, je retourne à la mer. Peu de vagues dans le Petit Cul-de-sac Marin, abrité par la Grande-Terre et les récifs.
Le trafic est toujours aussi intense sur cette bande qui sépare les éléments.
Les frégates sont les grapheuses du ciel.
On se serre les rémiges en attendant des jours meilleurs.
Je pense à ceux que le cyclone a frappés, tout près de nous vers le nord. Le soleil reviendra.